Connaître l’anatomie d’un organe permet au médecin d’intervenir sur celui-ci en toute confiance. Cette connaissance est d’autant plus nécessaire quand il s’agit d’un organe important comme la prostate. L’organisation anatomique prostatique n’est pas toujours la même selon les individus.
En effet, les artères prostatiques disposent de plusieurs variantes dont la méconnaissance peut entraîner de nombreuses complications lors d’une intervention comme l’embolisation par exemple. Voici quelques éclaircissements à ce propos.
Rappel de l’anatomie générale liée à la prostate
L’appareil urogénital de l’homme comprend plusieurs glandes exocrines et la prostate est la plus volumineuse de toutes. Elle constitue une masse centrale qui entoure le début de l’urètre proximal.
La prostate se localise à l’arrière de la symphyse du pubis. Elle se trouve plus précisément en haut du diaphragme urogénital et en dessous de la vessie. Vous la retrouvez au croisement des voies urinaires et génitales.
Au sein de l’organisme humain, la prostate a une fonction essentielle. Elle participe de façon active à la synthèse et à l’émission du sperme. Elle joue aussi un rôle important dans la retenue de l’urine (continence) et dans la miction.
Autour de la prostate se trouvent des pédicules vasculaires et nerveux. Ces derniers contribuent au fonctionnement sexuel de l’homme.
L’anatomie de la prostate a été le sujet de plusieurs études. Plusieurs modèles de l’anatomie prostate ont été proposés. Celui retenu et accepté est celui de McNeat et al.
Sur ce modèle, la prostate se compose principalement de fibres musculaires lisses et de tissus glandulaires tubulo-alvéolaires. Ces composants de l’organe sont répartis en 4 différentes zones.
Il y a la zone de transition qui comprend deux lobes. Elle entoure l’urètre prostatique proximal. La masse glandulaire prostatique s’y trouve à 5 %.
La seconde subdivision est la zone centrale. Elle constitue une grande partie de la base prostatique et se trouve à l’arrière de la première zone. Les canaux d’éjaculation sont entourés par elle. 25 % de la masse prostatique s’y trouve.
La troisième partie de cette anatomie zonale prostatique est la zone périphérique. Elle entoure l’urètre prostatique distal et la zone précédente.
Elle ne représente qu’une infirme partie de la base prostatique. Toutefois, c’est elle qui compose en intégralité l’apex de la prostate. La masse glandulaire prostatique s’y retrouve à 70 %.
La dernière zone de l’anatomie prostatique est le stroma fibro-musculaire antérieur. Il se trouve au début de l’urètre prostatique et ne comprend que des fibres musculaires striées et lisses. Il ne contient aucun tissu glandulaire.
Anatomie vasculaire de la prostate
La réussite d’une embolisation de l’artère prostatique passe par l’identification des vaisseaux prostatiques et pelviens. L’anatomie vasculaire de la prostate varie d’une personne à une autre. Elle peut aussi changer chez le même patient en fonction du côté examiné.
Ce faisant, ne pas connaitre l’anatomie vasculaire prostatique et ses variantes peut représenter un danger de l’embolisation de la prostate. La pleine connaissance des variantes anatomiques des artères prostatiques permet de gagner du temps dans le traitement.
Pour un traitement d’embolisation réussi, il faut aussi connaitre les anastomoses intra et extra prostatiques. Le risque d’embolisation hors cible est ainsi limité.
Il faut rappeler que l’anatomie vasculaire de la prostate se compose aussi d’artères iliaques internes. L’artère iliaque interne constitue une bifurcation de l’artère iliaque commune.
La prostate comprend aussi les artères pelviennes qui sont principalement issues des divisions des artères iliaques internes. L’artère iliaque interne vient de la charnière lombo-sacrée. Cette artère et l’artère iliaque externe font un angle de 30 °.
L’artère iliaque interne est issue en général d’un tronc commun. Celui-ci après subdivision donne naissance à un tronc postérieur et un tronc antérieur. C’est de ce dernier que vient l’artère vésicale inférieure, l’artère pudendale interne, l’artère rectale moyenne, l’artère vésicale supérieure et plusieurs autres artères.
Quant au tronc postérieur, il est à l’origine de l’artère ilio-lombaire et de plusieurs autres. Comme souligné plus haut, cette description de l’anatomie n’est pas fixe, il existe des variations.
La cible du traitement d’embolisation qui n’est rien d’autre que l’artère prostatique a plusieurs variantes anatomiques. Voici quelques-unes de ses variations.
Variantes anatomiques artères prostatiques selon l’étude de Garcia
Dans cette étude, l’origine de l’artère prostatique est le tronc antérieur de l’artère iliaque interne. C’est ce qui a été remarqué dans 56 % des cas. Dans 17 % des cas, l’artère prostatique vient de l’artère pudendale interne.
Toujours dans cette même proportion, l’artère prostatique est issue de la rectale moyenne. L’artère de la prostate vient de la pudendale accessoire ou de l’obturatrice dans 4 % des cas.
Selon les travaux de Garcia, dans la vascularisation prostatique, il se distingue constamment deux pédicules artériels. Tous deux proviennent de l’artère prostatique et circulent en dessous de la capsule de la prostate.
La vascularisation de la glande est assurée principalement par le pédicule supérieur. La prostate est alimentée par deux branches artérielles principales.
Dans la majorité des cas, ces branches sont issues de l’artère prostatique qui représente pour eux un tronc commun. Dans d’autres cas, elles peuvent venir de différentes origines.
Le pédicule prostatique inférieur dans les travaux effectués par Garcia n’est pas pris comme une seule artère. Il est considéré tel un plexus au même titre que le plexus de Santorini homme ou le plexus de Santorini chez la femme. Ce pédicule s’anastomose en effet avec la branche latérale du pédicule supérieur de la prostate.
Variantes anatomiques artères prostatiques selon les études radiologiques de Bilhim
Le nombre de patients examiné pour cette étude est beaucoup plus important. Ici, l’origine de l’artère prostatique dans 34,1 % des cas, c’est l’artère pudendale interne. Dans 20,1 %, l’artère prostatique est issue du tronc antérieur de l’iliaque interne.
Chez 12,6 % des patients, l’artère prostatique (AP) vient des branches rectales et 3,7 % de la pudendale accessoire. 17,8 % des patients avaient leur AP qui viennent des artères obturatrices et 8,4 % de la glutéale inférieur et 1,4 % de la glutéale supérieure.
Variantes anatomiques artères prostatiques selon les études de De Assis.
De Assis dans son étude propose de classifier les patterns de naissance de l’AP en différents types.
Types | Type I | Type II | Type III | Type IV | Type V |
Caractéristiques | Tronc commun avec l’artère vésicale supérieure | Artère vésicale inférieure plus distale que l’artère vésicale inférieure | Artère vésicale inférieure issue de l’artère obturatoire | Artère vésicale inférieureprovient de l’artère pudendale interne | Autres caractéristiques |